L’art éclairé d’Ediluz et Stéphane

Stéphane Bouvier et Ediluz Avenel sont deux photographes installés à Elven dans le Morbihan. Ils conjuguent leurs talents et leurs approches de l’image pour proposer un atelier photo  début avril. Une  grande journée,  pour découvrir leur démarche photographique et, au passage, quelques-uns de leurs secrets de pro autour d’une séance photo. Seules 8 personnes auront la chance de pénétrer, notamment, l’univers à la fois onirique et poétique d’Ediluz, qui met la lumière et la fusion de ses modèles  dans un lieu, au centre de sa création artistique.

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Stéphane Bouvier admire profondément les photos d’Ediluz Avenel. Pour lui, l’univers qu’elle développe relève d’une démarche artistique complexe, où le rêve s’entoure de lumière, où la nature sublime ses modèles dans de subtils tableaux, à peine mis en scène mais très composés. Elle pourrait être peintre, cinéaste… Elle est photographe.
Au cœur d’une forêt, dans un marais presque hostile ou entre des rochers acérés ; entre les vieux murs d’un site abandonné, mangé par les mousses,  le cadre des photos d’Ediluz, toujours naturel, est sombre ou mystérieux,  doux ou romantique. Et toujours nimbé de lumières naturelles, qui créent l’ambiance, qui portent le regard vers le modèle et lui donnent cette aura si particulière, qui sont sa « marque de fabrique ».

La technique pour oublier la technique

Alors, Stéphane a tendance à s’effacer, lui qui se décrit comme quelqu’un de plus technique, qui pratique sa photo d’une façon pragmatique.  Lui, il aime le noir et blanc, il est plutôt studio, adore la photo de cinéma, les portraits d’acteurs de l’âge d’or du cinéma. Et le reportage… Il manie les éclairages artificiels comme Ediluz la lumière du soleil. Précisément, il sera là pour apporter aux participants un cadre technique indispensable et rassurant que tout photographe doit maîtriser. Mais il précise immédiatement que oui, la technique a son importance … à condition de se faire oublier. 
 « J’ai suivi de nombreux workshops avec des photographes prestigieux et tous mettent en avant autre chose que la technique. Pour faire une photo il faut d’abord comprendre quel regard on porte sur les choses, déterminer notre intention pour savoir ce que l’on raconte. Parce que c’est cela la photo : montrer pour raconter. » D’ailleurs, la technologie très évoluée des appareils aujourd’hui permet, souvent, de se dispenser d’une bonne part de cette technique, conclut-il. 
Stéphane Bouvier Photographe à Elven

Chacun sa vision artistique

A cet égard,  l’objectif que tous deux poursuivent est de plonger dans la photographie au sens de l’art. « On va travailler la mise en scène, la composition, la lumière, les personnages car c’est cela qui fait une photo. Très clairement, l’appareil vient en dernier ! » explique Ediluz qui pose ainsi les bases du stage.
L’autre point qui les lie est leur passion du cinéma. Pour Ediluz, elle vient de quelques mois d’études dans une école d’art et de cinéma au Mexique, son pays d’origine. « J’avais un prof de peinture qui me disait toujours que la photo est la petite sœur du cinéma et que sans photo, le cinéma n’existerait pas. » Ainsi se sont formés son regard et son inspiration, à la croisée du cadrage, de la peinture et du cinéma. 

La quête de la lumière

S’y ajoute un sens de la lumière venu directement de son enfance dans une étroite vallée des montagnes mexicaines où les contrastes sont très forts et la lumière rare et précieuse. « Je savais toujours d’où elle venait, on la cherchait… Aujourd’hui, elle fait partie de moi. » A tel point que son prénom lui-même contient le mot luz : lumière en espagnol.
Cette lumière est donc un élément déterminant des photos qu’elle compose. La lumière naturelle, précise-t-elle. A peine s’autorise-t-elle parfois un réflecteur si la lumière est vraiment trop faible. « Je ne dessine ma photo qu’avec la source de lumière, c’est très intuitif. C’est la lumière qui fait la photo.» Mais pas que…
Photographe Morbihan portrait femme féminité Vannes Fougères Rochefort-en-terre La Vraie-Croix

L’intention photographique

Reste qu’avant tout, il convient d’avoir la vision de la photo que l’on veut réaliser : c’est l’intention photographique. Elle est le résultat du terrain, de la scène que l’on choisit, avec ses contraintes et ses qualités, de la météo et de la lumière (sa source, sa force, les contrastes, les ambiances qu’elle provoque ou qu’elle permet), du modèle ( sa tenue plus ou moins habillée, sa carnation, les accessoires, sa position). Certains de ces éléments sont contraints, d’autres peuvent varier en fonction de l’intention que vous y mettez. « Il s’agit donc de mettre en œuvre sa propre vision de ce que l’on veut exprimer, de ce que l’on veut obtenir, de ce que l’on veut montrer », explique Stéphane. 

Établir une complicité avec le modèle

Comment obtenir de son modèle ce que l’on souhaite ? Comment le diriger ? C’est une question importante qui pour nos photographes, a un préalable : « C’est moi, le photographe, qui décide, qui induit le mouvement, la position, la mise en scène, la composition. » précise Ediluz. « C’est mon inspiration que je mets en œuvre ». Pour autant, pas question de considérer le modèle comme un objet. Bien au contraire. Respect et complicité sont indispensables pour obtenir ce que l’on souhaite. Si le modèle a froid ou est inconfortable, son expression s’en ressentira, il ou elle ne sera pas détendue, il ou elle ne se livrera pas comme il convient. Il faut donc écouter et respecter la personne qui prête son image. Et pourtant oser lui dire ce que l’on souhaite.

De la mise en scène à la composition

Les photos d’Ediluz ont pour décor des lieux naturels, parfois difficiles, elle ne les modifie pas. Elle y intègre ses modèles en une forme de fusion où le milieu sublime le modèle qui lui-même le met en valeur : « De cette interaction de deux sources, avec la lumière en contrepoint, naît ma création. » 
Intuition et inspiration n’empêchent pas une préparation minutieuse : bien avant d’y amener un modèle, il faut repérer les lieux, choisir le théâtre en quelque sorte, étudier les lumières en fonction des heures de la journée et de la météo et seulement alors laisser la magie de l’inspiration opérer.

Quelle personnalité photographique ?

On l’aura compris, participer à un tel atelier, axé sur la création artistique de deux photographes est un prétexte pour découvrir sa propre personnalité photographique. Être curieux, observer et analyser une démarche artistique, découvrir comment elle résonne en soi, orienter son intention, trouver comment on veut raconter ce que l’on voit, la distance à laquelle on se sent à l’aise avec l’image, déclencher son envie, son imagination, etc. Bref, forger son regard.
Pascale Désagnat
Plus d’informations sur l’atelier :

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